Free Web Submission http://addurl.nu FreeWebSubmission.com Software Directory www britain directory com education Visit Timeshares Earn free bitcoin http://www.visitorsdetails.com CAPTAIN TAREK DREAM: The uprising of women in the Arab world - Houda de Tunisie

Tuesday, December 18, 2012

The uprising of women in the Arab world - Houda de Tunisie


Mon père n’a jamais levé la main sur moi et encore moins sur ma mère.
Que certains hommes frappent leur femme, je le savais par une femme de ménage qui travaillait chez nous et qui venait parfois le matin les joues écorchées parce que son mari l’avait frappée la veille. Pour moi, c’était synonyme de misère et d’injustice mais ça me paraissait bien loin de ma réalité.
Mais en fait, la violence contre les femmes n’est pas le fait des seules couches défavorisées et les témoignages de femmes battues par des maris instruits et même militants de gauche sont nombreux.
Quant à moi, le premier qui a levé la main sur moi était simplement un camarade de classe. On avait 14 ans, j’étais la première de la classe dans toutes les matières et ce garçon m’a giflée sans raison, peut-être uniquement par jalousie. J’en suis restée ébahie et je n’ai pas su rendre coup pour coup. Pourtant j’avais appris à me battre avec mes frères mais là, ce n’était pas du jeu, c’était juste « je suis plus fort que toi ». Quelques 15 ans plus tard, j’ai appris sa mort : tué au Liban après qu’il a rejoint la résistance palestinienne.
Le deuxième qui m’a giflée également était un Marocain. On était étudiants (en France) et on était les meilleurs amis du monde. Un jour, nous étions dans la rue, je me souviens, debout à bavarder avec d’autres amis et comme il avait eu des propos arrogants, je lui avais dit : « Tu ne te prends pas pour de la merde, toi ! », expression certes crue mais qui signifie seulement qu’il avait une trop haute idée de lui-même. Et je me suis trouvée frappée par ce garçon. Nous avions 20 ans, nous étions communistes et voulions changer le monde. Mais nous étions bien dans ce vieux monde où les hommes frappent les femmes. Là encore, je n’ai pas su rendre la violence. Il a par la suite demandé pardon, j’ai fini par accepter de le revoir et de lui pardonner car il avait vraiment honte d’un geste qui lui avait échappé et qui lui venait d’une éducation violente, disait-il. Mais notre amitié ne fut plus jamais la même. Quelques années plus tard, on m’a appris sa mort accidentelle.
Le troisième qui m’a encore giflée était tunisien comme le premier et voulait qu’on se marie. A cause d’un coup de téléphone à un ami à moi (après l’amour), il eut un accès de jalousie aveugle et me frappa au visage en m’insultant. Je suis partie. Quelques années après, j’ai appris qu’il croupissait dans un hôpital, loin des siens, en dépression chronique.
Le malheur des autres ne peut en aucun cas susciter de la joie mais il est étrange que dans ma vie, j’aie été vengée sans rien faire.
Incapable à chaque fois de réagir à la violence par un geste violent, non pas parce que je suis pacifique ou que je manque de violence en moi, mais certainement à cause d’une éducation qui n’apprend pas aux petites filles à se défendre et d’une nature confiante toujours surprise par les coups (qu’ils soient physiques ou verbaux), incapable donc de frapper moi-même pour laver l’affront en quelque sorte, je me plais à imaginer une fable où des ancêtres sanctifiés punissent ceux qui s’attaquent à leur descendance. Mais cette fable est injuste pour celles qui n’ont pas de saints pour les protéger.
De fait, la punition n’a rien changé au fait que, comme 47% des femmes de mon pays, j’aie subi à des moments de ma vie la violence masculine.
Alors, chers ancêtres, dormez tranquillement, nous ne comptons sur personne d’autre que nous-mêmes pour mettre un terme à l’oppression des femmes et pour aider à réformer une masculinité qui se réfugie dans la violence contre les femmes pour se sentir maître de la situation.
Les femmes ne seront pas toujours les prolétaires des hommes, exploitées, réprimées et méprisées.
C’est pour cela que je soutiens le soulèvement des femmes dans le monde arabe.

No comments:

Post a Comment

Note: Only a member of this blog may post a comment.